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Pourquoi le travail post-retraite est indispensable à l'économie française

Publié : Le 19 mars 2014, par Romain Catheline
Le Cercle Les Echos, Le Monde
Alors qu’une nouvelle réforme des retraites entre en vigueur, interrogeant chacun sur les conséquences de la longévité et la place dévolue au travail dans nos vies, de nouvelles pratiques éclairantes émergent.

Encore méconnues ou incomprises en France, ces modes de management des hommes sont une chance pour nos entreprises, une aubaine pour la société et une source de jouvence pour les principaux intéressés. En somme, du gagnant-gagnant.

De quoi s’agit-il ? Rien de moins que de proposer à de jeunes retraités de revenir le temps d’une mission apporter leurs compétences à l’entreprise, qui s’avoue souvent démunie après le départ de ses forces vives. On appelle cela « la collaboration post-retraite ».

Nous en avons forgé les contours depuis 10 ans, convaincus que l’idée d’exclure du marché du travail les gens les plus expérimentés était absurde. Nous avons rencontré des milliers d’interlocuteurs dans des entreprises grandes et petites, échangé avec des centaines de responsables politiques, partagé notre vision et nos convictions sur la nécessaire place des retraités dans le monde du travail.

Aujourd’hui, les effets du choc démographique lié au départ à la retraite des baby-boomers se font sentir. Les pertes de compétences pointues dans l’industrie sont réelles. Les entreprises ont besoin de garder les activités à forte valeur ajoutée en France malgré la pénurie d’ingénieurs, et les jeunes entrants dans le marché du travail bénéficient des transferts de compétences de leurs aînés.

Quand on sait que l’un des défis majeurs des entreprises pour la prochaine décennie est l’accès à la compétence, on comprend qu’il y a urgence. Les retraités compétents et désireux de poursuivre une activité professionnelle doivent être considérés pour ce qu’ils sont : une ressource stratégique.

Il faut 10 ans pour concevoir un train, une centrale nucléaire, un avion qui seront exploités durant 30 ou 40 ans. Or, les jeunes ne connaissent pas les technologies du temps de l'analogique, et les ingénieurs n'ont pas été formés en nombre suffisant pour que le transfert des savoirs ait lieu entre les générations.

Chaque secteur a besoin des seniors. L'enseigne de bricolage Home Depot (USA) recrute des vendeurs expérimentés à côté des jeunes diplômés sans expérience de la vie. L'optique recycle des seniors à la vente : ils ont l'âge de leur clientèle. L'Education nationale elle-même doit se retourner vers ses anciens. Un informaticien, un infirmier, un médecin retraité représentent une ressource parce que leur démographie professionnelle est déficitaire. Les associations, les municipalités, les églises, ne tourneraient pas sans les seniors. Pour l'entreprise, la société, les retraités représentent un atout-maître.

En dégraissant son industrie, l'Europe a calmé la finance. Mais le départ des compétences chevronnées l'a fragilisée face à la concurrence. Les mesures d'âge ont diminué ses capacités à reprendre des parts de marché. Des marques françaises ont délocalisé leur fabrication. Elles se replient sur des fonctions d'assembleur, de concepteur, produisant dans les pays à bas coûts. La posture est délicate. La Chine et l'Inde forment des millions d'ingénieurs. Les transferts occidentaux de technologie leur donnent le coup de pouce pour gagner la capacité totale à concevoir, produire, entretenir et... prendre les marchés. Ces pays investissent massivement en R&D contrairement à la France et au Royaume-Uni par exemple qui ne nourrissent pas d'intérêt vrai pour une industrie structurée liée à la formation, notamment par l'apprentissage.

La pénurie croissante de compétences est moins visible dans l’industrie que dans la santé. La France a pris conscience de son déficit de médecins. Elle a desserré l'accès aux études. Mais, l'effet de la mesure se sentira dans dix ans. Ce sera pire dans l'industrie car elle ne dispose pas d'une vision chiffrée de la perte de compétences. Les ingénieurs, les profils techniques ont une moyenne d'âge élevée mais une longue expérience.

Or on ne forme pas assez d'ingénieurs et de techniciens en Europe. Qui plus est, Ils ne restent pas dans la technique mais vont vers le commercial ou le conseil. Il n'existe pas d'atlas du cataclysme démographique que le départ des boomers produit...

Et Les retraités dans tout ça ? Ils veulent se sentir utiles, intégrés. Préférer le travail professionnel au bénévolat n'est pas forcément une question de gains. En France, le milieu associatif n'offre pas toujours le professionnalisme satisfaisant des travailleurs épris d'efficacité. Les boomers n'ont pas fini d'étonner car, chez eux, l'effet de génération l'emporte souvent sur l'effet d'âge. 50% disent vouloir maintenir une activité après la retraite.

Les entreprises et les individus commencent à montrer moins d’a priori concernant l’allongement des carrières et c’est une bonne nouvelle. Des entreprises engagées nous ont fait confiance en déployant des politiques structurées visant à conserver la compétence de leurs retraités, quelles que soient leurs qualifications. Il n’est plus surprenant aujourd’hui que les entreprises rappellent des travailleurs retraités pour pérenniser les compétences et que les individus expriment leur désir de rester intégrés professionnellement au-delà des âges de départ à la retraite fixés par nos réglementations.

Nous ne sommes qu’au début d’une profonde mutation de nos sociétés, dans lesquelles les personnes resteront plus longtemps intégrées dans le monde du travail et pourront, pour ceux qui le souhaitent, mener une retraite professionnellement active.

Le génie humain est l'énergie majeure de l'entreprise, son futur. Le contexte économique et la situation des retraites justifient plus que jamais cet axe de développement qui est celui d'un avenir économique et social équilibré.

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