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Les pratiques des opticiens dans le collimateur

Publié : Le 23 mai 2014, par Romain Catheline
Le Monde, l'Argus de l'assurance, Les Echos,
Cette semaine, l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a rendu un rapport sur les pratiques frauduleuses répandues chez les opticiens. Fausses factures, marges énormes, mutuelles sollicitées, consommateurs lésés.

Mardi, l'association UFC-Que choisir s'est attaquée aux nombreuses fraudes sur le prix des lunettes. Le marché de l'optique est forcément épineux puisqu’il fait intervenir différents acteurs, à savoir la Sécurité sociale, les mutuelles, les commerçants opticiens et les quelques 33 millions de porteurs de lunettes.

A l'heure où le gouvernement cherche à réguler le marché de l'optique, notamment en proposant de fixer une limites de remboursement au sein des contrats de complémentaire santé, l'enquête de l'UFC, réalisée auprès de 1 188 opticiens (10% des boutiques) confirme le besoin de refonte de ce système. Le rapport révèle que près d'un opticien sur cinq propose un arrangement à son client pour le satisfaire et par la même occasion gonfler la note. Les clients ont souvent une complémentaire santé proposant un meilleur remboursement sur les verres que la monture. En effet, cela se justifie pleinement d'un fait que le verre apporte la correction visuelle tandis que la monture reste un accessoire essentiel mais aujourd'hui tenant plus de l'esthétique.
Ainsi, ces opticiens proposent simplement de confondre ces deux lignes de remboursement permettant ainsi aux clients de s'orienter vers un modèle de marque. La pratique est, selon l'étude, plus répandue chez les opticiens indépendants.

Un sérieux souci sur le prix des verres

Essayons avant tout d'expliquer le développement de cette pratique. En effet, pendant de nombreuses années, les complémentaires santé ont peut-être joué la surenchère dans la couverture de plus en plus haut de gamme de l'optique. Perçue comme un produit d'appel par les assureurs auprès leurs clients, la hausse des prestations en optique a fini par niveler le prix des lunettes vers le haut. Toujours selon l'enquête réalisée, le prix des lunettes en France s'affiche comme étant le plus cher en Europe, à savoir 50% de plus face à la moyenne des pays. A titre de comparaison, les allemands paient donc leurs lunettes 20% moins chères et 60% moins chères en Espagne.
Ainsi, face à ces mutuelles, finalement peu présentes lors de la transaction, le client et le commerçant s'entendent parfois au détriment de ce tiers sans visage, pour obtenir un besoin dénué d'aspect médical et pour le second une croissance de sa marge. Effectivement, la marge des opticiens est estimée à près de 270%, ce qui est bien entendu important.

Le consommateur sanctionné

Certain de faire une bonne affaire et pensant toujours causé un préjudice, finalement minime auprès de sa mutuelle, le consommateur sera quoi qu'il arrive sanctionné. Il est certain que les complémentaires santé ont conscience de l'ensemble de ces pratiques frauduleuses ; pour les contrer, depuis quelques années, elles s'efforcent à créer des réseaux d'opticiens à tarifs négociés ou à ouvrir leurs propres boutiques pour avoir une maîtrise totale des prix pratiqués et des remboursements en découlant. En revanche, pour les opticiens indépendants, les assureurs ont trouvé une sérieuse compensation. En 2006, la part financée par les assureurs dans les dépenses d'optique s'établissait à 56,8% pour s'établir à 71,5% en 2012. Dans le même temps, le consommateur a réduit son reste à charge passant de 37,8% à 24,4%. Ainsi, depuis 6 ans, c'est l'assureur qui règle la facture et favorise l'envolée des prix des lunettes.
Cependant, l'assureur n'est pas philanthrope ; la fraude et l'augmentation des prix ont eu pour conséquence une augmentation constante des cotisations. En effet, sur la même période, les mutuelles ont connu une hausse de leur tarif de 38%. Finalement, c'est bien le consommateur qui trinque.

Les solutions pour revenir à un système équitable

Comme nous l'avons évoqué lors d'un précédent article, la Sécurité sociale devrait se désengager du remboursement lié à l'optique. Effectivement, à l'origine de 4% des remboursements en optique, la dépense subie par la Sécurité sociale est de 200 millions d'euro par an. C'est, bien entendu, faible mais surtout inefficace car son poids dans le remboursement ne lui permet pas de réguler le marché. Il serait préférable que les mutuelles reprennent la part de la Sécu car ces dernières ont nettement plus cette faculté à la maîtrise de ce secteur.
Egalement, le gouvernement réfléchit à limiter les remboursements des verres et des montures au sein des contrats de complémentaire santé. Ces derniers respectant, entres autres, cette mesure seraient considérés comme 'responsable' et, de ce fait, bénéficieraient d'avantages fiscaux et sociaux. Marisol Touraine, Ministre de la santé et des affaires sociales, souhaite la mise en place de ce dispositif pour l'année 2015. La version définitive du projet doit encore être soumise aux professionnels de santé car la limitation des garanties ne concerne pas uniquement l'optique.

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